Histoire de Sainte-Marie-aux-Mines
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Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch en allemand) est une commune
française, située dans le département du Haut-Rhin et la région
Alsace.
Histoire
Sainte-Marie-aux-Mines, appelé en latin Sancte Maria ad Fodinas, en
allemand Mariakirch ou Markirch doit sa célébrité à son sous-sol.
Toute son évolution est donc conditionnée à l'exploitation des
mines. Elle fut longtemps un importante ville industrielle et
florissante et la troisième ville du Haut-Rhin par le nombre
d'habitants jusqu'à la moitié du xixe siècle.
Ces mines auraient été découvertes par les Gallo-Romains qui avaient
déjà amorcé l'exploitation des mines au début du iie ou iiie
siècle après Jésus-Christ. Cette hypothèse avait été suggérée,
mais a été très vite abandonnée faute de documents sérieux.
C'est ensuite le trou noir jusqu'au xe siècle où selon le moine
Richer de l'abbaye de Senones qui vécut au xiiie siècle, un moine
nommé Blidulphe fonda le monastère d'Echéry, situé tout près de
l'actuelle Sainte-Marie-aux-Mines. Les moines s'aperçurent bientôt
que la vallée regorgeait de richesses minières. Les moines d'Echéry
sont bientôt menacés dans leurs biens et leurs droits par la famille
d'Echery qui édifie au xiiie siècle, le château du Hoh-Eckerich.
Cette famille finit par s'approprier les mines que les moines
exploitaient.
Première mention
La première mention de la région4 date de l'époque du duc de
Lorraine, Thierry II qui rendit en 1078 au monastère de Lièpvre les
dîmes de Sainte-Marie (chapelle ?) et celle de Saint-Blaise5. Ces
terres faisaient partie du prieuré de Lièpvre qui lui avaient été
enlevés en 1052 par Gérard d'Alsace son père. Gérard d'Alsace
descendrait de la famille des Etichonides qui ont régné sur l'Alsace
au viie siècle dont le nom est relié à celui d'Etichon qui était
aussi le père de sainte Odile6. Le prédécesseur de Gérard d'Alsace,
Adalbert de Lorraine, était le fils d'un autre Gérard qui avait
épousé Gisèle, nièce de l'empereur Conrad Ier. Le nouveau duc
héréditaire de la Lorraine, Gérard d'Alsace, appartient donc à une
illustre lignée solidement pourvue en Alsace, c'est-à-dire au sud-
ouest du royaume de Germanie. Les liens entre la Lorraine, le royaume
de Germanie et le Saint Empire s'avéraient de ce fait étroits et
solides. Il était soutenu par l'empereur Henri III car les Etichonides
avaient toujours loyalement servi l'Empire et lui avaient fourni des
fonctionnaires dévoués7. Il est fort probable que Gérard d'Alsace eu
connaissance des riches mines du Val de Lièpvre, puisque selon
Schoepflin il est question dès 963 du temps de Gérard de Toul
(963-994) des mines d'argent du Val de Lièpvre dont la renommée
dépassait la Lorraine8. À cette époque il est déjà question de la
dîme que doivent verser les moines du Val de Lièpvre. L'évêque
Gérard de Toul nommé en 963 sera canonisé en 1051 par Léon IX qui
fut son 5e successeur sur le siège de l'évêché de Toul sous le nom
de Léon de Dabo. Dans son recueil Evangelienbuch, poème en langue
vulgaire achevé vers 865 et dédié à Louis le Germanique, Otfried de
Wissembourg fait l'éloge du pays des Francs, dont il loue, en quatre
vers, les richesses minéralogiques de la région vosgienne. Otfried
moine de Wissembourg, monastère qui possède des propriétés jusque
dans le Sud de l'ancien duché, non loin de Sélestat, et Louis le
Germanique paraît avoir manifesté pour cette région un très vif
intérêt.
Gérard d'Alsace (1048-1070), duc de Lorraine à partir de 1048 et
neveu d'Adalbert(1047-1048) paraît lui aussi troublé par ces mines
qui se trouvent sur les terres de ses ancêtres, les Etichonides. En
1055, ce duc affranchit l'abbaye de Saint-Dié de la tutelle des
évêques de Toul et se proclame avoué de cette abbaye. Il fait payer
chèrement cette protection. Ainsi le chapitre perd progressivement ses
droits pour ne conserver qu'une autorité morale et spirituelle.
Sainte-Marie-aux-Mines, appelé en latin Sancte Maria ad Fodinas, et en
allemand Markirch, doit son nom et son origine à exploitation des
mines et à l'église de Sainte-Marie Madeleine qui était la paroisse
de la partie lorraine et qui fut bâtie en 1757. Le grand autel était
sous l'invocation de cette sainte et les deux autres collatéraux sous
l'invocation de la sainte Vierge et l'autre de saint Sébastien9. Un
document datée de l'année 1317 ne mentionne pas encore l'existence
d'une agglomération, mais signale une chapelle consacrée à la Vierge
Marie.
Le partage de la vallée entre ducs et seigneurs
Avec l'extinction du dernier des seigneurs d'Eckerich, en 1381, la
moitié du château d'Echery parvint aux ducs de Lorraine qui en
étaient les seigneurs directs, et l'autre moitié aux sires de
Rappolstein (Ribeaupierre) héritiers allodiaux des Eckerich. Les ducs
de Lorraine accordèrent leur portion du château aux nobles de la
famille d'Hattstatt et notamment à Frédéric de Hattstatt qui passa
le 9 décembre 1399 le traité de Burgfried ou paix castrale avec les
deux frères Maximin et Ulrich de Ribeaupierre. À la suite de ce
traité, les ducs de Lorraine reçurent pour leur part les communes de
Lièpvre, de Sainte-Croix-aux-Mines, Rombach-le-Franc et une partie de
Sainte-Marie-aux-Mines située sur la rive gauche de la Liepvrette. Les
seigneurs de Ribeaupierre prirent le contrôle des hameaux de Saint-
Blaise, de Fertrupt, d'Echéry, et de la partie de Sainte-Marie-aux-
Mines qui se trouve à droite de la Lièpvrette. Cette division de la
vallée va perdurer pendant quatre siècles, jusqu'à la Révolution de
1789.
La Seigneurie des Ribeaupierre
Une partie de Sainte-Marie-aux-Mines fut pendant de longues années
inféodée aux Ribeaupierre, dont le premier personnage connu avec
certitude fut un certain Eguenolf d'Ursingen dont les premiers
témoignages remontent à l'année 1022. Selon la légende il
descendrait d'un nommé Ursini de Spolète, donc d'Italie, qui vécut
au viiie siècle. Des chevaliers de cette famille, au temps de
Frédéric Barberousse, duc de Souabe, se sont fixés en Alsace où ils
auraient fait souche. Eguenolf d'Ursingen épousera une riche
héritière alsacienne, fondant ainsi la dynastie des Rapolstein ou
Ribeaupierre. On leur doit notamment la construction des châteaux de
Saint-Ulrich, du Girsberg et du Haut-Ribeaupierre. Ces trois château
se trouvant sur le banc de Ribeauvillé ont été occupés dès le xiie
siècle par seize générations de la famille des Ribeaupierre jusqu'au
xviie siècle. Les Ribeaupierre héritèrent également, à
l'extinction de la famille des Echéry, la moitié du château
d'Echéry. Le déclin de la famille des Ribeaupierre mettra fin à
cette dynastie, époque à laquelle il n'y plus de descendants mâle.
Le château de Saint-Ulrich a été habité jusque vers 1525, époque
qui correspond à la guerre des paysans dont les ravages ont été
importants. Les trois châteaux ont été abandonnés par les
Ribeaupierre qui sont venus habiter à Ribeauvillé même dans un
château de la Renaissance. La seigneurie de Ribeaupierre s'étendait
au cours des siècles de la partie nord de l'Alsace, en s'étendant du
Rhin jusqu'à la crête des Vosges. Elle était composée de plus de 30
bourgs et villages appartenant à 9 bailliages allant de Bergheim,
Guémar, Heiteren, Jebsheim, Orbey, Ribeauvillé, Sainte-Marie-aux-
Mines, Wihr-au-Val et Zellenberg. Chaque chef-lieu de bailliage
possédait un château où résidait le bailli. À Sainte-Marie-aux-
Mines celui-ci se trouvait au lieu-dit « Auf der Matte » (Sur le
Pré) qui a été complètement détruit pendant la guerre de Trente
Ans (1618-1648).
L'un des plus célèbres descendants des Ribeaupierre fut sans aucun
doute, Eberhard décédé en 1637 laissant deux fils : Georg Friederich
(1594-1651) qui n'a qu'une fille Anna Élisabeth, mariée en 1658 à
Christian Ludwig, comte de Waldeck. Le deuxième fils, Johann Jacob
(1598-1673) a hérité de l'ensemble de la succession de son père et a
reçu le titre de comte. Décédé en 1673 et sans descendant mâle,
n'ayant que deux filles. L'une d'elles, Catherine Agathe épousa
Christian II de Birkenfeld, comte Palatin et duc des Deux-Ponts.
Protégé de Louis XIV, celui-ci lui avait accordé en fief l'ensemble
des propriété des Ribeaupierre, dont une partie du Val d'Argent. Lors
de la Révolution de 1789, le prince Max, dernier seigneur, fut
contraint de quitter l'Alsace pour Munich où il devint prince de
Bavière. Au cours de la Révolution, tous les biens des Ribeaupierre
en Alsace furent déclarés biens nationaux.
L'introduction du protestantisme dans la vallée de Lièpvre[modifier]
C'est vers l'année 1550, qu'un nommé Ely, ancien prieur du couvent de
Lessines, converti au protestantisme, réfugié à Strasbourg se rend
à Sainte-Marie-aux-Mines, pour prendre un travail dans les mines
d'argent. Prêchant l'évangile et propageant de nouvelles idées aux
mineurs, il réussit à former une petite communauté. Elle se réunit
régulièrement dans un lieu connu sous le nom de Backhofen, un endroit
situé au-dessus du hameau de Fertrupt. Il va célébrer dans ce lieu
la Sainte-Cène ou présenter des enfants aux baptême. Par la suite il
fait appel au pasteur Jean Loque, prédicateur ayant fait des études
théologiques. Ses successeurs furent François de Morel sieur de
Collonges et Pierre Marboeuf qui est décédé en 1560. À partir de
1566, le sire de Ribeaupierre, Eguenolf III, converti au
protestantisme introduit la religion luthérienne dans la partie
alsacienne de Sainte-Marie-aux-Mines composée pour l'essentiel d'une
population germanophone au nombre de 3000 venus d'Allemagne, en
particulier des mineurs. Des réfugiés francophones, constitués par
des huguenots chassés de France à la suite du massacre de Wassy en
1562 et de la Saint-Barthélémy en 1572, ainsi que des calvinistes ou
des expulsés en 1585 par le duc de Lorraine Charles III et toute la
paroisse de Badonviller chassée en 1625 par le comte de Salm, se sont
fixés à Sainte-Marie-aux-Mines. Les pasteurs luthériens (culte
allemand) et des ministres calvinistes (culte français) ont été
autorisés à prêcher auprès des habitants. Les autorités ont en
outre octroyé aux luthériens de langue allemande la « Mattenkich
» (Église-sur-le-Pré) dont l'édifice remonte à 1542 qui fut
ensuite détruite par le feu en 1754. Cette église des mineurs
reconstruite en 1757, était d'abord destinée au culte catholique
desservie par des religieux. Les réformés de langue française
prenaient possession de l'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte
(St.Wilhelm = saint Guillaume) devenue vacante à la suite du départ
du curé et dont les paroissiens ont rejoint dans leur immense
majorité le protestantisme.
Toutefois, par décision de Louis XIV en 1686, le chœur de cette
église a été mis à la disposition des catholiques, alors que les
protestants et les calvinistes et les luthériens ont gardé la nef de
l'église. Celle-ci sert alors aux trois cultes, ce qui est une
particularité tout à fait exceptionnelle. Depuis de nombreuses
années des concerts aux chandelles ont lieu tous les ans dans cette
antique église.
L'introduction de la Réforme vers 1550 (et l'accueil des Huguenots) à
Sankt-Merienkirch grâce aux Ribeaupierre, surtout Eguenolf III,
devenus luthérien, mais officiellement sujet des Habsbourg
(catholiques)allait apporter un essor aux activités artisanales,
telles que le tissage, la passementerie. Parmi les mineurs venant
d'Allemagne, certains sont Luthériens, ceux venant de France sont des
calvinistes chassés par la persécution qui firent de Sainte-Marie-aux-
Mines un refuge. Au premier temps, il est difficile de faire une
distinction entre les communautés religieuses. Les habitants de la
vallée n'ont que faire des subtilités doctrinales et se regroupent
d'abord par origine linguistique puisque les prêches ont lieu dans la
langue maternelle. Les mineurs allemands ont leur propre église « Sur
le pré », tandis que les Huguenots se réunissent sur l'Hâte dès la
deuxième moitié du xvie siècle. Des pasteurs arrivent dans la
région et officient dans les deux lieux de culte. Une différenciation
plus nette entre le culte réformé français et le culte luthérien
allemand est signalée vers la fin du xvie siècle. Avec l'arrivée de
Eberhard de Ribeaupierre (1585-1637) qui succède à Eguenolphe III
celui-ci concède définitivement aux luthériens l'église sur le
pré. L'église sur le pré est incendiée en 1754 et pendant trois ans
la chapelle de Fertrupt remplace l'église détruite.
La chapelle sur le Pré reconstruite en 1757 continuera à recevoir les
offices jusqu'en 1867. Le dernier sera célébré le 16 juin de la
même année. La chapelle sera démolie en 1881. Trois pierres tombales
ont été découvertes lors de la démolition de la chapelle. Seule la
pierre de Chrétien Schwengsfelfd, pasteur luthérien, fils aîné du
conseiller intime du prince de Birkenfeld, successeur de Jean Jacques
de Ribeaupierre a été conservée lors de la démolition et déplacée
un peu plus loin. La dalle funéraire se trouve à présent encastrée
dans le mur de l'église de Fertrupt. On y lit qu'il est mort en
juillet 1772 à l'âge de 60 ans. Une autre tombe intéressante portant
un écusson a été découverte et laisse supposer qu'il pourrait
s'agir de Jacob Trimbach décédé le 3 septembre 1649. On peut y lire
que le défunt occupait une fonction importante dans la hiérarchie
minière, peut-être jury. Une troisième tombe datée de 1624 a été
mise à jour, mais les inscriptions sont pratiquement effacées et donc
peu lisibles.
Les ducs de Lorraine qui occupent l'autre partie de la ville sont de
farouches catholiques, en particulier Antoine qui mata le révolte des
Rustauds à Scherwiller en 1525. Durant cette crise qui secoua l'Alsace
des paysans, Ulrich de Ribeaupierre, après le sac du prieuré de
Lièpvre par les insurgés, se tint habilement en dehors du conflit et
sauva ainsi sa ville de Ribeauvillé de la vengeance du duc de Lorraine.
Le déclin des mines vers la fin du xvie siècle fut le début d'une
série d'épreuves pour la bourgade et la vallée: peste, massacre
durant la guerre de Trente Ans, passage des troupes de Louis XIV
lorsque la rive droite ne fit plus partie de l'Empire. Une timide
reprise des activités minières au début du xviiie siècle relança
l'activité. Elle fut accentuée par le démarrage de l'activité
textile: fondation Reber en 1755. Dès lors l'activité textile (qui
obtint le statut de ville en 1790 sera le moteur du développement de
la ville.
Les pillards du 2 septembre 1676
Cet épisode de l'histoire locale est encore peu connu. Vers 1572, un
incendie a lieu dans la partie lorraine de Sainte-Marie-aux-Mines.
Toutes les maisons, sauf 70 furent ravagées par les flammes. De même
en 1589 furent brûlées en l'espace de 3 heures, sur le versant
lorrain de la commune, 120 maisons et la même année sur celui
d'Alsace, 40 bâtiments, sans que l'on puisse définir les causes et
l'origine du désastre. Ces maisons il est vrai avaient été
construites à la hâte pour loger les nombreux ouvriers qui arrivaient
de toutes part pour travailler dans les mines. Et ce n'est pas avec
l'industrie naissante que les choses vont s'arranger. Ce n'est qu'avec
l'acquisition de richesses que les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines
cherchent à mieux se protéger contre les calamités et le feu. Au
xvie siècle il existe encore des maisons en assez grand nombre qui
sont reconnaissables grâce aux sculptures qui ornent leurs portails et
leurs croisées aux tours dans lesquels on aperçoit des escaliers en
pierre sous forme de spirale qui vont de la cave au grenier. À la
Petite Lièpvre on voit fréquemment au-dessus des portes des écussons
portant des dates du xvie siècle avec le marteau et le ciseau du
mineur en sautoir.
L'armée impériale composée de troupes hétéroclites et
indisciplinées, venues de Kaiserslautern, ayant à leur tête des
chefs rivaux et souvent incapables, souvent mal payée et mal nourrie
mettent le feu dans la partie alsacienne de Sainte-Marie-aux-Mines. Le
2 septembre 1676 Sainte-Marie Alsace est brûlée par les partisans
allemands. Aussi, aux jours de revers, se formait-il souvent dans son
sein des groupes de partisans qui à certains moment, s'en
détachaient pour entreprendre à leur compte de petites expéditions.
Les Allemands appelaient ces aventuriers des Schnapphanen, d'où le
nom français de Chenapans. C'est sous ce vocable peu enviable
qu'ils sont connus. La ville est également incendiée en 1702 et
1726.
L'arrivée des Anabaptistes
Du xvie au xviie siècle des réfugiés d'origine suisse s'installent
à Sainte-Marie-aux-Mines (Montgoutte et Haute Broque), mais également
un peu partout dans le Val d'Argent dont ils occupent des fermes dans
les endroits un peu isolés des montagnes et dans différentes
métairies, notamment à la Petite Lièpvre, mais également à la
Hingrie et la vallée de la Bruche. Il s'agit principalement de
cultivateurs, membres de l'église anabaptiste mennonite qui est une
communauté de chrétiens évangéliques, issue de la Réforme et
créée en 1525 à Zurich par le réformateur Suisse Ulrich Zwingli.
Ils se sont par la suite séparés de lui car ils tenaient à leur
indépendance de l'Église par rapport à l'État. Ils ont préféré
abandonner leur patrie et leurs biens pour ne pas renier leur foi. Ils
sont pacifiques, patients et paisibles, charitables occupés
entièrement à leur négoce, fidèles à leurs maîtres. Ils cultivent
en général des terres ingrates au pied des collines. Un grand nombre
d'entre eux furent persécutés et expulsés de la Suisse. Une autre
vague de Mennonites étaient venus du canton de Berne à la fin du
xviie siècle s'établir dans la haute vallée de la Bruche, au lieu-
dit du Hang, commune de Saales (Bas-Rhin). Les Anabaptistes occupent
souvent des "censes10" où ils sont appréciés pour leur compétence.
Les relations avec la hiérarchie catholique sont franchement
mauvaises ; les curés se plaignent que les Anabaptiste ne paient pas
la dîme et réclament leur expulsion. Ils célèbrent leur culte au
domicile de l'un ou l'autre membre de la communauté. Au début du xixe
siècle la communauté anabaptiste de Sainte-Marie-aux-Mines se réunit
au lieu-dit "la Haute Broque" dans l'une ou l'autre ferme. En 1693
sous l'impulsion de Jakob Amman un schisme prendra naissance dont la
communauté prendra le nom d'Amish. Cette communauté remet en cause le
baptême des enfants ou "pédobaptisme" qui est depuis longtemps une
réflexion constante des Églises protestantes en Europe. Amman
renforce les signes vestimentaires obligatoires : port de la barbe
pour les hommes, vêtements attachés avec des agrafes et des boutons,
interdiction des couleurs voyantes au profit du brun et du bleu
sombre. En 1712, Louis XIV promulgue un décret d'expulsion des
Anabaptistes en Alsace poussé par le clergé catholique. Mais cet
édit aura peu d'incidence dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines
dont la partie lorraine n'est pas concernée par les expulsions. La
communauté anabaptiste installée dans la partie alsacienne de la
ville se disloque et rejoint des censes vosgiennes plus discrètes,
comme la Hingrie, les hameaux de Sainte-Croix-aux-Mines, et de
Lièpvre. La Révolution de 1789 remet en cause l'équilibre que les
Anabaptistes ont su trouver au sein de l'ensemble de la population.
Ils ne sont plus considérés comme hérétiques, mais rencontrent
d'autres problèmes. Leur statut de fermiers est remis en cause.
Certains sont ainsi malmenés, les fermes sont parfois vendues en tant
que biens nationaux.
Des Saint-Mariens au secours de la guerre d'indépendance
américaine[modifier]
Pendant la guerre d'indépendance américaine (1775-1783), un corps
expéditionnaire formé de 6 000 hommes fut envoyé en 1778 par Louis
XVI pour renforcer les effectifs du général George Washington. Dans
ce corps expéditionnaire se trouvait un détachement "le Royal Deux
Ponts". Comme c'était la coutume à cette époque, les unités
combattantes portaient en général le nom de la famille qui en était
propriétaire, donc en l'occurrence, le duc de Deux Ponts. Celui-ci
possédait la seigneurie de Bischwiller et le comté de Ribeaupierre,
dont Sainte-Marie-aux-Mines, un fort détachement de Saint-mariens et
d'Alsaciens s'y trouvaient ainsi enrôlés.
La partition de la commune
Avant la révolution de 1789, la commune de Sainte-Marie-aux-Mines
était divisée en deux entités, formant chacune une commune
distincte, ayant une administration propre, ses propres lois et même
sa religion. Grandidier atteste que de son temps, la langue allemande
dominait dans l'une des deux parties de la ville et que la langue
française était présente dans l'autre moitié.
La partie méridionale de Sainte-Marie-aux-Mines (aussi appelée Sainte-
Marie, côté Alsace) appartenait au comté de Ribeaupierre ; la partie
septentrionale était lorraine. Entre les deux coulait le Landwasser ou
Landbach ( = Liepvrette), formé par la réunion au lieu dit
Bréhagotte (hameau aujourd'hui englobé dans la ville) du ruisseau
d'Hergochamps ou de Liverselle et de la Liepvrette.
En amont du Bréhagotte, le ruisseau d'Hergochamps séparait seul la
Lorraine de l'Alsace, et il en est ainsi jusqu'à sa source
appelée « la Gineselle ». Vers la fin du xviiie siècle, les
communautés de la rive droite de la Liepvrette étaient entièrement
germanisées.
Au milieu du xvie siècle, Sainte-Marie-aux-Mines n'existait pas
encore. À cette époque on ne connaissait que Mergenkilch,
Marienkirch, Mariakirch, petit hameau élevé depuis peu aux cantons
dits "le rain et le pré de Sainte-Marie-Madeleine", situé sur la rive
lorraine, et qui jusqu'en 1515, avait servi de pâturage commun aux
riverains des deux bords. Tant que le sol sur lequel se bâtit le bourg
de Sainte-Marie d'Alsace put sembler improductif, nul ne songea à en
revendiquer la possession. Les Seigneurs de Lorraine l'occupèrent,
sinon de droit, au moins certainement de fait. Une dizaine de maisons,
les seules construites à Mergenkilch avant 1512, leur payait un droit
de ménantie et continuèrent à le payer. Un accord, intervenu entre
Schmassman de Ribeaupierre et Antoine de Lorraine (1512-1515), ne
décida pas absolument de la question de la propriété : il permit en
effet aux sujets lorrains de faire paître leur bétail sur le
territoire en litige, et Schmassman s'obligea à indemniser les
habitants de Fertrupt qu'il avait maltraités et empêchés de
travailler aux mines ouvertes par la Lorraine
Les environs immédiats de Sainte-Marie-aux-Mines portèrent des noms
allemands et français, qui sont souvent la traduction l'un de
l'autre, par exemple : Eckirch et Echery, Fortelbach et Fertrupt,
Schoenberg et Belmont.
Cette dualité des dénominations de lieux n'est pas étonnante quand
on sait que la haute vallée de la Liepvrette, comme d'ailleurs les
hautes vallées voisines de la Bruche, du Giessen, de la Béchine et de
la Weiss, était francophone, et que d'autre part les paysans venus
de la plaine, et surtout des mineurs venus de la Saxe, parlaient
l'allemand et implantèrent leur langue.
Après la réunion de l'Alsace à la France, Louis XIV, en 1669,
crut, paraît-il, devoir, par un édit spécial, affirmer à nouveau
ses droits sur Sainte-Marie, bourg alsacien. « Tout ce qui se trouve
à droite de la hauteur et de l'eau vers le midi sera et demeurera
entièrement séparé de la Lorraine … distrait du ban de Marie-
Madeleine (Lorraine) et garde le nom de Sainte-Marie, côté Alsace,
etc.. On trouve des traces de ces contestations jusque dans les
préliminaires et dans l'instrument lui-même de l'Europäische
Ruhe de 1719.
La Révolution française
La Révolution française a eu pour conséquence de réunifier les deux
parties de la ville, dont l'une dépendait des Ribeaupierre et l'autre
du Duché de Lorraine. Après la prise de la Bastille en 1789 des
troubles se produisirent un peu partout en Alsace, le peuple voulant
se venger des nobles et des couvents par des siècles de servitude,
mais l'ordre fut rétabli assez rapidement. Les habitants de Sainte-
Marie-aux-Mines réclamèrent la suppression des nombreuses seigneuries
ainsi que les domaines ecclésiastiques, ainsi que les décrets qui
morcelaient le bourg. À Sainte-Marie-aux-Mines les troubles furent
insignifiants. Le 24 août 1794 (7 fructidor an II) la Convention
nationale déclare que le gouvernement ne payera plus les frais du
culte ni les salaires de leurs ministres, et qu'aucun local ne sera
alloué aux différentes sectes pour y célébrer les pratiques
religieuses. Les églises, devenues propriétés nationales, furent
fermée, et celles de Sainte-Marie-aux-Mines durent subir le sort
commun. Les portes des temples, fermés au culte, ne furent ouvertes
que pour réunir les membres des divers clubs révolutionnaires qu y
tinrent leurs séances. L'église catholique de Lorraine fut
transformée en temple de la Raison, et dans le temple réformé se
réunissait le club des Jacobins. Les chaires, privées de leurs curés
et de leurs pasteurs, furent occupées par les orateurs des clubs, qui
y prononcèrent quelquefois les discours les plus extravagants. la
célébration des fêtes de la République avait lieu, non seulement
dans l'enceinte du temple de la Raison, mais souvent aussi sur un
plateau non loin de la ville, appelé encore aujourd'hui les Halles11
et formé par les décombres de la mine de Saint-Pierre qui se trouvait
à proximité. Sur ce plateau avait été élevé un autel dédié à
la Liberté. Lors des fêtes on sortait en procession du temple de la
Raison, la musique formant la tête du cortège, suivie d'un
détachement de la garde nationale et des autorités municipales avec
leurs écharpes tricolores. Le cortège était fermé par une foule de
concitoyens qui voulait ainsi prouver leur patriotisme en assistant à
ces fêtes nationales. Sur le plan administratif la ville est
rattachée au Haut-Rhin et à l'arrondissement de Ribeauvillé et une
nouvelle administration communale est constituée. La réunification de
Sainte-Marie - Alsace et Sainte-Marie-Lorraine en une seule commune
fait l'objet d'un décret le 20 janvier 1790 où la ville est baptisée
d'abord Val-aux-Mines puis Sainte-Marie-aux-Mines12.
Les mines d'argent[modifier]
La découverte des premiers gisements
La mise en œuvre des ressources minières aurait, selon certains
auteurs, commencé sous l'époque romaine, voire dès l'âge du
fer. Les preuves, font hélas défaut. Toutefois on a extrait, dans
certains cas, dans les vallées voisines : l'antimoine près de
Charbes (Bas-Rhin), dans le Val de Villé, et du fer au « camp
celtique » de la Bure près de Saint-Dié. Les mines de Sainte-Marie-
aux-Mines ont été activement exploitées au Moyen Âge. Elles
fournissent en effet un argent mêlé d'antimoine que l'on a
reconnu dans les monnaies des peuples voisins, Leuques (en Lorraine,
versant ouest des Vosges) et Séquanes (Haute-Alsace et Franche-
Comté). L'exploitation des mines dans la vallée du temps des Romains
pourrait apparaître au iie ou iiie siècle de notre ère. Ce qui
pourrait donner du poids à cette assertion, c'est la découverte d'une
médaille en bronze qui a été trouvé en 1846, dans un jardin situé
dans la partie supérieure de Sainte-Marie-aux-Mines, dont l'une des
faces représente le buste de l'empereur Aurélien avec l'inscription
IMP. AURELIANUS, HUC et de l'autre face deux figures ayant chacune une
lance à la main. La bonne conservation de cette médaille et surtout
le relief des objets prouve qu'elle aurait pu être enfouie dans la
terre depuis le règne d'Aurélien qui est monté sur le trône vers
l'an 270. Cette médaille, il est vrai peut aussi marquer le passage
des troupes romaines, ou la présence de mineurs romains dans la
vallée. L'Alsace d'ailleurs était déjà très connue des Romains à
cette époque, car depuis Jules César, qui en fit la conquête
cinquante ans avant Jésus Christ, les légions romaines ne cessèrent
de traverser cette région pour se rendre sur les bords du Rhin où
elles avaient établi de nombreuses colonies.
Ensuite, il n'est pas impossible que ces conquérants qui apportèrent
la civilisation en Alsace et qui restèrent pendant quatre siècles,
n'aient pas connu les riches mines d'argent du Val de Lièpvre, tandis
que 600 ans après, elles ont été exploitées par de pauvres ermites
dans les solitudes d'Echéry13.Les premiers témoignages incontestables
datent de la fin du xe siècle dans le diplôme par lequel Otton III
confirme à l'église de Toul la possession du monastère de Saint-
Dié, il est question des dîmes des mines d'argent et les premières
monnaies frappées à Saint-Dié appartiennent à cette époque.
C'est aussi l'époque où est fondée la cella d'Echery,
dépendance de Moyenmoutier au Val de Lièpvre, qui prit part de bonne
heure à l'exploitation des gisements argentifères. Les moines ayant
été dépossédé ou concédé ces mines aux nobles d'Echéry14, elles
furent ensuite exploitées jusqu'à l'extinction de cette famille, puis
ces mines furent ensuite partagées par les Sires de Ribeaupierre et
les ducs de Lorraine. La technique utilisée à l'époque était celle
des pingen ou puits verticaux qui étaient fréquemment inondés, puis
les puits à ciel ouvert.
Les mines au Moyen Âge[modifier]
On trouve encore autour de Sainte-Marie-aux-Mines de nombreuses
anciennes mines qui ont depuis fort longtemps maintenant été
abandonnées. Dans le district de Sainte-Marie-aux-Mines, on a repéré
plus d'une centaine de puits appelés « Bingen » ou « Pingen »,
situés pour la plupart sur les crêtes des filons et qu'en raison de
leur caractère primitif, tous les spécialistes s'accordent à
reconnaître comme typiques de l'exploitation médiévale et même
aloto-médiévale à ciel ouvert. Jusqu'à présent, le plus ancien
site fouillé placé très haut dans la montagne, date de la première
moitié du xe siècle. Il est tout à fait logique de penser que les
filons qui affleurent plus près de la vallée (Blumenthal, Fertrupt,
Saint-Pierremont) ont été mis en exploitation bien avant. On raconte
qu'un condamné à mort s'échappa dans les bois aux environs de
Sainte-Marie-aux-Mines. Il cherchait des fruits sauvages et trébucha
sur une pierre. C'était un filon d'argent et sa découverte fut à
l'origine de l'exploitation minière dans le val de Lièpvre.
En 1317, un des rares document médiévaux concernant le val de
Lièpvre, fait mention d'une église dédiée à Marie. Vers la même
période, de nombreux puits de mines encore visibles aujourd'hui
atteste de l'importance activité minière et donc de la population.
Mais ce n'est vraiment qu'au xvie siècle que naît Sainte-Marie-aux-
Mines, à partir notamment des hameaux de Fertrupt et de Bréhagoutte
(Saint-Philippe). Un plan des mines vers 1580 est illustré d'une vue
de la bourgade de Sainte-Marie, telle que nous la connaissons
aujourd'hui. L'agglomération est désignée sur ce plan sous le nom de
Marienkirch et a la particularité d'être partagée entre la
seigneurie des Ribeaupierre (Rappolstein) qui possède la rive droite
de la Liepvrette et le duché de Lorraine qui en possède la rive
gauche. Cette curieuse frontière résulte d'un partage aux
implications multiples, religieuse, politique et linguistique passé du
temps des nobles d'Echéry (Eckerich) dont le dernier s'éteignit en
1381. L'âge d'or de Sainte-Marie-aux-Mines correspond à l'apogée de
l'exploitation minière (1530-1570). Il y avait alors deux à trois
mille mineurs, venus surtout d'Europe centrale. La ville connaissait
de ce fait une activité artisanale très diversifiée (forgerons,
tisserand, passementiers) qui était déployée autour de l'activité
des mines.
L'une des pièces les plus anciennes qui figure dans les archives
relatifs aux mines de Sainte-Marie-aux-Mines est datée du lundi avant
la Saint-Laurent de l'année 1486; il s'agit d'une convention entre
l'archiduc Sigismond d'Autriche et Guillaume de Ribeaupierre dans
laquelle il demande sa part dans l'exploitation des mines. Dans ce
document le duc revendique les 2/3 de l'exploitation minière et le
reste au seigneur de Ribeaupierre.Cependant, une clause stipule qu'en
cas où le duc venait à mourir sans laisser d'héritiers, sa famille
collatérale pourrait se voir octroyer la moitié des revenus.
Sigismond effectivement décédé sans laisser d'héritiers directs,
Bruno, Maximilien et Guillaume de Ribeaupierre firent en 1496 un
arrangement avec le roi des romains.
L'âge d'or des mines
C'est à partir du xvie siècle que commence véritablement à grande
échelle l'exploitation des mines du Val d'Argent. C'est Bruno de
Ribeaupierre (von Rappolstein) qui donne le coup d'envoi et qui
donnera un nouvel essor aux activités minières de la vallée qui
constitue la grande époque vers la ruée de l'argent qualifiée d'«
âge d'or ». On raconte que certains mineurs en quête de nouveaux
gisements aurifères auraient prospecté la montagne avec une baguette
de sourcier appelée "virgula divina". Cette méthode était paraît-t-
il assez efficace si l'on en juge par les résultats obtenus. Les
gisements découverts, d'une exceptionnelle richesse minéralogique
étaient estimés à l'époque comme ayant le premier rang en France,
le 2e en Europe et au temps de la Renaissance les plus importants du
monde. Les filons métallifères répandus dans les gneiss (roches)
renfermaient près de quatre vingt espèces minérales constituant les
minerais d'argent, de cuivre, d'arsenic, de plomb/galène, de zinc, de
nickel de fer, ainsi que d'autres métaux plus rares, tel l'antimoine,
le bismuth, l'uranium ou le manganèse. Ces gisements étaient
répartis sur trois secteurs : du côté de Sainte-Marie Alsace (sud-
ouest) vers l'Altenberg (ancienne exploitation) comprenant les
anciennes exploitations comprenant les secteurs de Saint-Blaise,
Fertrupt, Blumenthal, Saint-Philippe. Le deuxième secteur, le
Neuenberg (nouvelle exploitation), au Rauenthal, Echéry, Rain de
l'horloge et au pied du Brézouard granitique. Les exploitations
allaient en général d'est en ouest dans la partie occidentale de la
région au Neuenberg et nord-sud dans la partie orientale vers
l'Altenberg. Le troisième secteur concernait la partie lorraine de
Sainte-Marie-aux-Mines dont les exploitations minières s'étendaient
sur la rive gauche de la Liepvrette, notamment à la Goutte des Pommes,
le Bois du Prince, le Petit Rombach, la Timbach, le Grand Rombach,
Musloch dont l'exploitation a duré du xvie au xviiie siècle. À la
même époque d'autres mines ont été ouvertes à La Croix-aux-Mines
dans le département des Vosges, ainsi que dans la vallée voisine du
Val de Villé, en particulier à Urbeis.
En 1502 on comptait à Fertrupt, à l'entrée du vallon, 67 galeries
dont 37 étaient encore en bon état. Ces mines étaient situées à
Saint-Guillaume où l'on a extrait surtout du plomb. Vers 1532 les
mines de Saint Sylvestre, d'Eisenthur et à la Burgonde à la sortie de
Fertrupt produisaient surtout de l'argent. À Echéry en 1524 les mines
du Rauenthal et de la Petite Lièpvre (mine Saint-Nicolas) produisaient
du plomb, de l'argent et du cuivre. À Mariakirch (Sainte-Marie côté
Alsace) en 1522 fonctionnait la mine Saint Barthélémy où l'on a
extrait de l'argent et du cobalt ainsi qu'à la mine Saint-Philippe. On
a également travaillé à partir de 1525 dans les mines de Saint-
Michel au Blumenthal. Certaines mines portaient Curieusement des noms
en rapport avec la religion. Au début du xvie siècle, cent cinq mines
ont été ouvertes dont on a extrait environ 5 000 tonnes de cuivre,
300 tonnes de minerai d'argent, 80 000 tonnes de plomb. Devant la
quantité de minerai extrait, les seigneurs de Ribeaupierre ont fait
appel à des mineurs étrangers, la plupart des réfugiés protestants,
victimes de la persécution religieuse, recrutés surtout en Saxe,
Autriche, Hongrie qui se fixèrent entre Saint-Blaise, Saint-Guillaume
et Echéry. En peu de temps de nouvelles maisons sortirent de terre.
Des incendies entre 1572 et 1589 décimèrent une partie de ces
habitations. Ainsi 120 maisons du côté lorraine et 40 du côté
Alsace partirent en fumée.
Le continuateur de Montrelet, dit qu'en 1516 deux seigneurs allemands,
le comte Guerlande et le comte Francisque, déclarèrent la guerre au
duc de Lorraine au sujet des mines de Lorraine. Ils prirent la ville
de Saint-Hippolyte, qui fut bien tôt reprise par le duc Antoine. Les
ennemis du duc qui s'étaient poster à l'entrée du Val de Lièpvre
pour lui en disputer l'entrée furent défaits15. Entre 1519-1521, il y
eut quelques difficultés entre l'empereur et le duc de Lorraine au
sujet des mines. On nomma des arbitres de part et d'autres. Les compte-
rendus sont entreposés aux Archives de Meurthe et Moselle.
Organisation et coutume des mineurs
Au xvie siècle les mineurs qui travaillaient à Sainte-Marie-aux-Mines
Alsace formaient un corps séparé qui avait ses propres juridictions
et se comportait comme une véritable organisation para-militaire. Les
ouvriers mineurs étaient divisés en plusieurs classes qui avaient les
emplois suivants:
Hauer : mineur travaillant à la pierre
Haspelknechte : renvideurs
Hundläufer : coureurs de chien
Cette classe d'ouvriers mineurs travaillaient à l'intérieur de la
mine et portaient le nom allemand de Bergknappen. Le corps de mineurs
était connu sous le nom de Knappschaft. Autour des mines et dans les
divers endroits où l'on travaillait il y a aussi :
Pochknechte / brocardeurs
Siebwaescher : laveurs au tamis
Kruckenwaescher: laveurs à la crosse
Scheider: Ouvriers qui cassaient la pierre en sortant de la mine et
qui séparaient celle qui contenanit du métal de la roche.
Weiber die das Erz klauben : femmes qui trient le minerai
Schmelzer: fondeurs
Au xvie siècle, le minerai était partagé entre les actionnaires
(Gewercken) avant d'être livré à la fonte et il était loisible à
chaque actionnaire de faire fondre sa part où bon lui semblait. Le
préposé chargé d'en faire la distribution s'appelait Verweser et
celui qui inscrivait les diverses parts Huttmann. Le minerai brocardé
et prêt à la vente était mis dans de grands sacs et conduit à la
fonderie, le voiturier qui en était chargé se nommait Erzführer. Le
costume que portait les mineurs consistait en une petite veste de
toile grossière, d'un pantalon de même étoffe, et d'un vieux chapeau
rond, ou seulement la tête du chapeau sans bords. Lorsque les mineurs
travaillaient dans les mines, ils attachaient quelquefois des morceaux
de cuir aux genoux, parce qu'ils sont souvent obligés de grimper à la
manière des ramoneurs. Outre le costume de travail, les mineurs
portaient un uniforme pour les dimanches et jours de fête. Les
officiers des mines, avant la Révolution de 1789 portaient un uniforme
très riche: c'était une veste en drap noir, avec revers, parements et
large collet rabattu en drap écarlate, le tout bordé de gaons en or;
ils portaient la culotte courte en drap écarlate, des bas blancs avec
souliers à grandes boucles en argent, un schako en feutre noir, sans
visière, bordé d'un galon en or et orné de deux marteaux en sautoir
en cuivre doré. L'uniforme des simples mineurs était le même que
celui des officiers, à l'exception des galons en or. Les mineurs
avaient leur propre caisse de secours qui intervenait en cas de
maladie. Lors du décès d'un des membres de cette maîtrise, le convoi
funèbre est accompagné par douze mineurs en costume, chacun muni de
sa lampe allumée suivant une ancienne coutume en usage.
Mœurs et coutumes[modifier]
Un des traits les plus marquants qui caractérisait les anciens mineurs
était le profond respect pour la religion qui guidait toutes leurs
actions. Matin et soir avant d'entrer dans les mines, ils se
rassemblaient dans une des chambres d'une maison avoisinant l'entrée
de la mine, et là le pasteur ou le curé faisaient journellement la
prière, en implorant Dieu de préserver les ouvriers des malheurs qui
pourraient leur arriver dans leurs travaux souterrains. Après la
prière on chantait un cantique qui était suivi d'une courte
allocution du maître mineur qui exhortait les ouvriers à remplir
consciencieusement leur devoir. Les mineurs lorsqu'ils se
rencontraient se saluaient par le mot de Gluck-auf, ce qui veut dire :
que Dieu vous accorde une heureuse sortie de mine. Ce mot de Gluck-auf
est même souvent employé dans leurs cantiques et surtout avec
beaucoup d'à-propos dans celui qu'ils chantaient à l'enterrement de
leurs camarades, et où il fait allusion au passage de la vie terrestre
du mineur à la vie dans l'au-delà. Les mineurs étaient très
superstitieux et se créaient des fantômes ou des personnages
imaginaires qui peuplaient l'intérieur des mines. Ils ne manquaient
jamais de prier afin de les préserver contre les mauvais sorts,
notamment les lutins et autres mauvais esprits qui hantaient les
galeries souterraines afin de les contrarier. Si par exemple leur
lampe venait subitement à s'éteindre, c'était un esprit méchant qui
l'avait soufflée; arrivait-il un éboulement dans la mine, c'était
encore un lutin qui en était la cause.
Le déclin[modifier]
Très florissantes jusqu'à la fin du xvie siècle, le déclin des
mines allait sonner le glas de la prospérité de Sainte-Marie-aux-
Mines. Les difficultés d'exploitation, le manque de bois nécessaire
aux fonderies et boisage des mines vint à manquer, en plus des
inondations fréquentes seront le lot quotidien qui amèneront le
déclin des mines de la région. Par ailleurs une grande quantité
d'argent affluant en Europe et en provenance du nouveau monde
(Mexique, Pérou) dont les rendements sont meilleurs que ceux de Sainte-
Marie-aux-Mines fera diminuer le rendement des mines. La plupart des
galeries qui avaient été exploitées depuis le xvie siècle vont
être progressivement abandonnées. Au début du xviie siècle, il
n'existait plus à Sainte-Marie-aux-Mines qu'une centaine de mineurs
sur les 3000 occupés antérieurement dans les 200 puits. La guerre de
Trente Ans (1618-1648) et les guerres qui s'ensuivirent anéantirent
complètement l'exploitation des mines et de ce qu'il restait. La
misère et la famine régnaient partout. Le feu avait anéanti une
partie de Mariakirch (Sainte-Marie-aux-Mines) et consumé Fertrupt dans
le courant des années 1634 et 1635. La peste qui était apparue dans
la vallée allait faire du Val d'Argent un désert, la population ayant
pratiquement complètement disparu du fait de la famine, des guerres.
À cette époque à Marie-aux-Mines, il ne restait plus qu'une
trentaine de familles. Sainte-Marie-aux-Mines se repeuplera dans la 2e
moitié du xviie siècle grâce à l'arrivée de cultivateurs suisses,
principalement des anabaptistes, de réformés allemands qui se
joindront à la communauté calviniste. Au xviiie siècle, il ne
restera comme vestiges des exploitations minières que des galeries à
demi éboulées et des puits envahis par les eaux. Seule la ville de
Mariakirch subsistait. Au décès de Jean Jacques de Ribeaupierre le 28
juillet 1673 ne laissant pas d'héritiers mâles, succéda le prince
Palatin de Birckenfeld qui transmettra la seigneurie à son fils
Chrétien II de Birckenfeld. En 1711, trois bourgeois-marchands de
Strasbourg, nommés Nicolas Cederer, Jacques Duominguer et Simon Knol
essayèrent de faire redémarrer les mines. Il établirent plusieurs
ateliers dans les endroits où il y avait d'anciennes mines dont la
première est située dans la vallée du Rauenthal sous le nom de Saint
Jacques. Ils ouvrirent une ancienne galerie sur 400 toises de
longueur. Au bout de ces 400 toises, ils trouvèrent trois grands
rameaux faits par ceux qui y avaient travaillé, contenant les trois
ensemble soixante toises de profondeur, où ils remarquèrent dans le
nettoiement quelques veines de mines, contenant de l'argent et du
cuivre. Ils y trouvèrent environ 40 quintaux de mine d'argent et de
cuivre qui produisirent environ 7 onces d'argent par quintal et 8 à 10
de cuivre. Ils ne se sont pas trouvés en état de poursuivre la grande
galerie, en raison des éboulements. Ils ont donc abandonné l'endroit.
Dans la même vallée, une autre mine appelée Saint-Christian a fait
l'objet de recherches. Ils sont tombés sur trois galeries en partie
éboulées, et ont parcouru celle du milieu sur 150 toises de longueur.
À environ 100 de distance de cette galerie, ils ont trouvé quantité
de rameaux anciens dans lesquels ils ont fait construire plusieurs
petits rameaux où ils ont trouvé de l'azur et de l'argent16. Ils ont
fait ouvrir d'autres galeries, dans la vallée de la Petite Lièpvre,
à Fortelbach et à Fertrupt. Les travaux ont été définitivement
abandonnés en 1828
Couvent et églises
Le couvent des Cordeliers
En 1617, Henri II (1563-1624), duc de Lorraine, envoya à Sainte-Marie-
aux-Mines, à la sollicitation d'Adam Petz, évêque de Tripoli,
suffragant de Strasbourg, quelques cordeliers de la maison de Raon-
l'Étape pour assister le curé et lutter contre le protestantisme17.
Les moines du couvent des Cordeliers ou Franciscains portaient un
vêtement large de gros draps gris et une ceinture de corde, d'où leur
nom. Le couvent des Cordeliers de Sainte-Marie-aux-Mines relève de la
province des cordeliers de Lorraine qui comprend treize maisons
partagées en trois custodies, celle de Nancy, des Vôges, du Barrois.
Sainte-Marie-aux-Mines fait partie de la custodie des Vôges qui compte
quatre maisons: Mirecourt, Neufchâteau, Raon-l'Étape et Sainte-Maie-
aux-Mines. Cet ordre fut institué par saint François d'Assise en 1223
et fut classé dans l'ordre des mendiants. Leur maison, établie dans
la partie lorraine18 à l'emplacement où se trouve aujourd'hui la CMDP
du Val d'Argent, fut en partie incendiée qui détruisit l'église et
fit périr un religieux le 13 mars 1777. Cet incendie d'origine
accidentelle est occasionné par le père Gay qui s'est endormi
chandelle allumée. Ce dernier, gardien, c'est-à-dire supérieur du
couvent depuis 1774, périra dans l'incendie. L'église fut
reconstruite et c'est le 12 juillet de la même année qu'on posa la
première pierre et en 1786 elle était entièrement restaurée.
Malgré la faiblesse numérique, les religieux du couvent des
Cordeliers assistent les prêtres de la paroisse de Sainte-Marie-aux-
Mines, en célébrant des messes et quelques sermons. La popularité du
couvent des Cordeliers était telle que les bourgeois les plus
importants de la ville demandent à se faire inhumer dans l'église.
C'est le cas d'Antoine Narbey qui demande dans son testament de 1731
d'être inhumé dans l'église. Le 11 juillet 1755 une autre
personnalité importante de Sainte-Marie-aux-Mines est inhumé dans
l'église, Nicolas Lamouche, prévôt, avocat de la cour souveraine,
âgé de 72 ans qui est mis en terre par le père cordelier Bernadier
Cordier. Le couvent des Cordeliers était sous l'invocation de saint
Jean Baptiste et le grand autel sous son nom. Il y avait dans la nef
deux autels collatéraux, l'un dédié à saint François et l'autre à
saint Antoine. Avant l'incendie de 1770 il y avait jusqu'à 18
religieux. En 1790 ils étaient encore treize. Les moines vivaient en
grande partie des aumônes que recueillait le père gardien du couvent
tous les vendredis chez les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines sans
distinction de religion. À la Révolution, l'immeuble des Cordeliers
est déclaré bien national.
Liste de quelques religieux
Gervasius Corroyer, arrivé en 1626, originaire de Bâle.
Minorville, 1674
Thiery, 167620
Thyvet, 1754
Cordier, 1757
Thyvet, 1764
Perrin, 1766, gardien en 1767
Joseph Leopold Gay, 1774. Périt dans l'incendie de 1777
Hoeld, 1775-1776
Nicolas Marchal, 1783 (qui fait rétractation de ses vœux en 1801)
Antoine Mathebs de Bergheim, 1791, né le 6 mai 1748. Gardien du
couvent des Cordeliers de Sainte Marie-aux-Mines. Il refuse de prêter
serment à la Constitution civile du clergé et est arrêté au cours
d'une messe. Il est d'abord déporté à Rochefort sur ordre des
autorités du département de la Meurthe. Il meurt le 12 août 1794 à
l'âge 46 ans en déportation à l'île d'Aix où il est inhumé21.
L'ancienne église paroissiale de Saint-Louis[modifier]
Église Saint-Louis
Située rue Saint-Louis, l'église paroissiale de Saint-Louis a été
bâtie en 1674 grâce à un don du roi de France, Louis XIV, qui
s'était déplacé à Sainte-Marie-aux-Mines en 167322. Elle n'aura
cependant survécu que cent quatre-vingt ans. Elle sera détruite en
1854 pour faire place à l'église actuelle.
Vers le xvie siècle, à l'époque où le protestantisme commençait
à s'introduire dans la partie des terres appartenant à la
seigneurie de Ribeaupierre, trois églises catholiques s'élevaient
dans la partie alsacienne du Val de Lièpvre : l'église d'Echery,
l'église de Saint-Blaise et l'église sur le pré. Des trois
églises, seules les deux premières existent encore, la troisième a
disparu en 1881.
L'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte à Echéry[modifier]
C'est au cours des xve siècle et xvie siècles que fut reconstruite
l'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte. Le chœur, par sa voûte
d'arête à nervures naissant des murs mêmes, paraît appartenir à la
fin du xve siècle. C'est la seule partie du bâtiment qui ait des
vitraux en ogive. Dans le chœur, du côté de l'Évangile, se trouve
une armoire enchâssé dans le mur et dont les ornements représentant
des entrelacs sculptés en grès vosgiens, d'un beau travail. Sous
l'armoire, on voit, gravée en creux, l'année 1504 et, en relief, un
écusson aux armoiries de Guillaume, surnommé le Grand, seigneur de
Ribeaupierre, auquel appartenait la partie alsacienne du Val de
Lièpvre. Guillaume régna de 1450 à 1507 ; c'est à cette période
que fut bâti le chœur, ainsi que le clocher qui remonte à 1506,
comme l'indique la date gravée au ciseau au-dessus de la porte
d'entrée. La tour, carrée et massive, contenait autrefois trois
cloches, dont une petite en argent, si l'on en croit la légende
populaire. Aujourd'hui, elle n'a plus qu'une cloche. Plusieurs dates
dates restent encore visibles : 1511 sur la clef de l'arcade qui
sépare la tour de la nef, 1538 au-dessus de la porte du côté nord,
1561 sur l'arc en plein cintre du portail sud, maintenant muré. Ces
divers millésimes montrent que l'édification de l'église fut d'une
extrême lenteur. Les travaux durent souvent être interrompus, sans
doute par suite d'embarras pécuniaires, et ce ne fut qu'au bout d'une
soixantaine d'années que l'église fut achevée. Elle semble avoir
été construite par de simples ouvriers de la localité, dans le but
de donner un lieu de culte aux habitants des vallons d'Echéry.
L'arcade en forme d'ogive qui donne accès au chœur paraît avoir
été reconstruite vers la fin du xvie siècle si l'on s'en rapporte à
la date de 1576, gravée sur l'une des pierres du côté gauche.
L'église renferme plusieurs tombes, dont la plus remarquable est celle
d'Antoine Tiusler, exploitant des mines de la seigneurie de
Ribeaupierre, inhumé en 1563.
L'église de Saint Pierre sur l'Hâte à Echéry
L'église d'Echery est maintenant située à Saint-Pierre-sur-
l'Hâte. Dédiée d'abord à saint Guillaume, en hommage à un
pieux anachorète qui vivait au Val de Lièpvre vers le milieu du xe
siècle et dont la fête se célébrait le troisième jour des nones de
novembre, elle ne fut placée que plus tard sous le vocable de saint
Pierre. Il est difficile de déterminer la date de sa création. (On
parle de 1140). Par qui fut-elle construite ? Pour le moment la
question reste posée. L'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte ne
présente pas assez d'uniformité dans son architecture pour qu'il
soit permis d'admettre qu'elle fut bâtie d'un seul bloc. La tour
semble appartenir au xiiie siècle ; la nef remonte semble-t-il à la
période gothique, mais a été modifiée depuis ; le chœur, par sa
voûte d'arête à nervures naissant des murs mêmes, indique le XIVe
ou le xve siècle. Plusieurs dates restent encore apparentes: 1504 sur
l'entablement du socle de la custode, 1506 au-dessus de la porte
d'entrée, 1511 sur la clef de l'arcade qui sépare la tour de la nef,
1538 au-dessus de la porte s'ouvrant du côté nord, 1651 sur l'arc en
plein cintre du portail sud, maintenant muré. Cette dernière date est
celle où l'église devint protestante. Dans une lettre écrite le 12
mars 1643 à son collègue P. Ferry de Metz, le ministre J. de
Bachelle, pasteur réformé français à Sainte-Marie-aux-Mines,
s'exprimait ainsi à propos de l'église d'Echéry "Pour ne point vous
parler du costé de Lorraine, faut savoir que le costé des seigneurs
de Ribeaupierre est vers le midi et a quatre tant bourgs que village.
Le plus haut s'appelle Eschery et est le lieu où nous avons une assez
ancienne église, au plus haut d'une petite montagne qu'on appele
Surlatte, elle est bâtie depuis l'an 1150. L'année y est engravée
sur une pierre, mais à moitié effacée, en lettres Gothiques. Il
conste qu'elle fut jadis dédiée à Saint Wilhelm ou Guillaume ..."
La pierre sur laquelle était gravée la date de 1150 dont parle
Bachelle a disparu, mais il est certain que la fondation de l'église
remonte à une époque antérieure, car son nom apparaît déjà dans
une bulle du pape Innocent II rédigé le 11 décembre 1140 qui
confirme à l'abbaye bénédictine de Moyenmoutier la possession d'un
grand nombre de biens parmi lesquels figure l'église d'Echéry avec
ses dépendances. L'église d'Echéry semble donc, à cette époque,
unie à l'abbaye de Moyenmoutier et desservie par des religieux de
cette maison.
Environ un siècle plus tard, à peu près au temps où le moine Richer
de Senones écrivait sa chronique, le zèle des religieux s'étant
ralenti, l'église fut convertie en paroisse. La paroisse prit le nom
de Saint Guillaume du nom du patron de l'église, et fut placée sous
l'administration d'un recteur. L'abbaye de Moyenmoutier ne conserva
plus dès lors sur l'église que le droit de patronage, avec la
jouissance d'un petit revenu, montant à quinze sous de Strasbourg24.
Mais ce droit de patronage était aussi revendiqué par les nobles
d'Echéry qui prétendaient être les seuls prétendants. En 1279, ils
tentèrent de s'accaparer de la cure et d'y installer un curé de
l'église de Riquewihr du nom de Gérard, au lieu et placé du recteur
Arnold qui y avait été nommé par l'abbaye de Moyenmoutier. L'abbé
de Moyenmoutier porta plainte devant la cour de Rome. La sentence
rendue par le doyen de l'église de Sarrebourg, délégué à cet
effet, le confirma dans ses droits et Arnold fut maintenu dans la
possession de la cure. Les nobles d'Echéry ne s'inclinèrent pas
devant ce verdict. Quels titres avaient-ils à faire valoir à l'appui
de leurs prétentions ? Nous ne saurions le dire. Toujours est-il qu'en
1317, moins de cinquante ans après l'arrêt dont nous venons de
parler, ils étaient définitivement entrés en possession du jus
patronatus de la cure de Saint-Guillaume à Alt-Eckerich et le
cédaient à l'abbaye de Baumgarten dans le Val de Villé. Cette
donation fut approuvée en 1323 par Jean Ier, évêque de Strasbourg.
Lorsque Louis XIV impose le simultanéum en 1685, la nef reste aux
Réformés tandis que le chœur est accordé aux Catholiques.
Aujourd'hui l'église de saint-Pierre-sur-l'Hâte demeure l'un des
rares édifices œcuméniques d'Alsace.
L'église Sainte-Madeleine
L'église Sainte-Madeleine ainsi que la maison curiale et l'hôtel de
ville occupent aujourd'hui l'emplacement de l'ancien château, ou
châtelet, qui était la demeure des ducs de Lorraine. Par la suite, ce
château fut occupé par l'entrepreneur des mines qui y avait établi
une manufacture de galons d'or et d'argent. La partie septentrionale
de Sainte-Marie-aux-Mines dépendait de la Lorraine et comprenait au
xviiie siècle près de 400 familles tous catholiques et ne parlait que
le français et le patois vosgien appelé aussi le Welche. La partie
méridionale appartenait aux seigneurs de Ribeaupierre et parlait
uniquement l'allemand. Les habitants des deux paroisses étaient
différents non seulement par la religion, mais également pour les
mœurs et la façon de se vêtir. Cependant, les deux parties étaient
si proches géographiquement - le commerce se faisait invariablement
des deux côtés - ce qui justifia le proverbe « on y fait le pain en
Alsace et on le cuit en Lorraine » ou encore « l'homme couche dans la
première de ces provinces et sa femme dans la seconde ».
L'église Sainte-Madeleine construite avec une façade massive est
surmontée d'un clocher à bulbe. Cette église lorraine a été
construite en 1757 dans un style apparenté baroque puis remaniée en
1816. Les églises de ce style sont très nombreuses dans les
départements lorrains. L'autel central dédié à sainte Madeleine est
également secondé par deux autels collatéraux dédié l'un à la
Sainte Vierge et l'autre à Saint Sébastien. La nef comporte quatre
fresques de Caroline Sorg datées de 1897-1898. En face de la chaire en
marbre de l'autel de "la Madeleine" présente un tableau surplombé par
la croix des mineurs. Au fond de l'église, à gauche se trouve un
tableau du xviiie siècle comportant la Vierge montrant l'enfant à
Saint-Dominique. À droite on trouve un joli baptistère en marbre.
Sous le crucifix sont exposés des outils de mineurs (marteau et
pointerolle). L'orgue de cet église est le dernier instrument
construit par Joseph Callinet (1849).
Les anciens temples et chapelles
Chapelle Saint-Mathieu
La chapelle est mentionnée dès 1634 et on peut voir son portrait dans
la grande salle du conseil de l'hôtel de ville en 1722. À l'origine
cette chapelle était dédiée à saint Nicolas et appartenait à un
habitant de Sainte-Marie-aux-Mines du nom de Mathieu.
Église luthérienne dite des chaînes
L'église luthérienne dite des chaînes, est située 81 rue Saint-
Louis. L'ancienne église était caractérisée par un clocher massif
et la façade était construite en pierres de taille. Elle a été
entièrement détruite au cours d'un incendie le 6 octobre 1754 puis
restaurée vers 1757.Dans l'incendie tout ou presque disparut, même
les pierres tombales où reposaient plusieurs dignitaires de la ville
furent anéanties sous l'effet de la chaleur. La reconstruction de la
nouvelle église furent rapidement entreprise.
Le nouvel édifice sera inauguré le 30 novembre 1757 et consacré le
31 décembre 1757.L'église actuelle a remplacé l'église Sur-le-Pré
devenue trop exiguë dont la première pierre a été posée sur le
même terrain que la première incendiée en 1754 appartenant à
Charles Weisgerber originaire de Ribeauvillé. Rapidement construite la
nouvelle église sera inaugurée le 15 mars 1846. Le nom dite des
chaînes lui a été donné parce que la cour de l'église était
protégée par des chaînes immenses. Divers mobiliers se trouvant à
l'intérieur de l'église luthérienne actuelle ont été classés dans
l'inventaire des monuments historiques (I.M.H 1985).Parmi ces
mobiliers remarquables ont trouve notamment la descende de croix, les
tribunes, la chaire en chêne et son double escalier, et l'orgue de
Callinet de 1846. Les vitraux datés du début du xxe siècle ont
également attirés l'attention des Monuments historiques en 1995. La
cloche de la dernière Église-Sur-le-Pré datée de 1810 est à
présent exposée à l'entrée de l'église des chaînes. L'église des
chaînes a été rénovée en 2002.
Temple réformé
Situé 5, rue du Temple il a été inauguré le premier octobre 1634 et
est l'un des plus vieux temple que la France ait conservé. Le temple
d'Echéry étant devenu trop petit, il a donc été décidé d'en
construire un autre au centre de la ville. Initialement construit sans
clocher, il ne verra le jour qu'à partir de 1807. La paroisse
protestante fait alors partie du consistoire de Riquewihr. Par la
suite le clocher sera pourvu de deux autres cloches. En 1861, l'une
des cloches est fêlée. Les deux sont remplacées par le fondeur
Gousset26. Le temple réformé de Sainte-Marie-aux-Mines fait
actuellement l'objet de travaux de rénovation. Des pierres tombales du
xviiie siècle sont visibles depuis l'origine sur le sol du temple. On
y trouve notamment la pierre tombale de Jean Fattet juge des mines
mort en 1707 qui était le conseiller intime du prince Palatin de
Birkenfeld. On y trouve également dans cette même tombe, l'épouse du
juge des mines, Louise Schoenauer et peut-être aussi Christiane
Dorothée Schwengsfeld. Cette dernière famille était très connue à
Sainte-Marie-aux-Mines à l'époque. Elle habitait dans une maison
aujourd'hui disparue qui était située à l'emplacement de la grande
surface, rue Reber. Une autre tombe située entre l'autel et la chaire
est celle du pasteur Christof Merian mort à l'âge de 30 ans en 1743.
La pierre précise qu'il était très instruit. Une cartouche inscrite
en latin en sa mémoire se trouve au consistoire situé en face du
temple. Une troisième tombe située sous l'autel du temple est celle
de Maria Rosina Seyler "inhumée au temple le 23 février 1703". Il
s'agissait de la femme du pasteur Johann Rudolf Brenner qui a officié
de 1696 à 1703.
Chapelle du Sacré-Cœur à Echéry
Le terrain sur lequel fut bâti la chapelle du Sacré-Cœur appartenait
à Monsieur Frédéric-Louis Weisgerber où existait alors une usine
textile qui passa ensuite aux Établissements Koenig. Le bâtiment a
été transformé en chapelle en 1932. Les habitants du hameau
d'Echéry se rendaient aux offices dominicales, ce qui leur évitait de
se déplacer jusqu'à la ville.
L'église sur le pré
Située autrefois sur l'ancien pré de la Mattenkirch, cette église
n'existe plus aujourd'hui. Cette paroisse utilisée par l'ensemble des
luthériens fut détruite par le feu le 6 octobre 1754. Elle avait
été construite en 1542, puis après l'incendie reconstruite vers
1757. Elle fut démontée en 1880. À côté de cette chapelle, il y
avait un cimetière où reposaient de hauts fonctionnaires des mines,
dont les familles Pfeffinger, Kroeber, Finck, Saur, Schreiber et
plusieurs tombes de la famille Schwengsfeld, ainsi que celle du
Landrichter Jean Philippe Von der Lippe qui exerçait au commencement
du xviie siècle.
Chapelle de Fertrupt (1612)
D'après l'abbé Grandidier les luthériens possédaient également une
chapelle à Fertrupt, mais n'y célébraient aucun culte. Jusqu'en
1842, on l'utilisa principalement pour les enterrements. On raconte
que lors des obsèques d'un membre de la hiérarchie minière, le sol
de l'édifice s'effondra sous le poids du cercueil en plomb .. Le sous-
sol était truffé de galeries minières.
Celle-ci n'était utilisée que lors des enterrements dont un
cimetière se trouve juste à côté de la chapelle. Dans cette
dernière chapelle furent inhumés quelques hautes personnalités
le docteur Jean Christophe Kast, né à Strasbourg, médecin personnel
du duc Stanislas. Il était très versé dans la médecine et la
botanique. Décédé le 13 décembre 1754 à Lunéville. Il est
enterré dans la chapelle de Fertrupt.
J.H. Barth, archiviste de la ville de Strasbourg, décédé à l'âge
de 42 ans en 1755
Jean Jacques Saur, concessionnaire des mines de Sainte-Marie-aux-Mines
Lorraine, décédé en 1757 à l'âge de 70 ans. Il jouissait d'une
grande estime auprès du duc de Lorraine dont il était son banquier à
Sainte-Marie-aux-Mines. Il avait deux fils, tous nés à Sainte-Marie-
aux-Mines, Jean-Jacques né en 1716 et Jean Daniel né en 1721. Tous
deux étaient de célèbres minéralogistes.
Juliana Dorothée Weidner, épouse de Philippe Albert Weidner,
officier, décédée en 1758 à l'âge de 84 ans.
Chapelle de la Madeleine
Située rue Mulhenbeck à l'ancien emplacement où s'élevait jadis
l'église de Sainte-Madeleine et à côté de l'ancien cimetière.
Aujourd'hui, seul le chœur originel subsiste encore. La nef a été
détruite en 1756. Au début du xviiie siècle cette ancienne église
était encore rattachée au prieuré de Lièpvre dont les moines
administraient la paroisse. Depuis 1613 l'ancienne église de Sainte-
Madeleine est détachée du prieuré de Lièpvre pour devenir une
paroisse indépendante avec son propre curé. Entre 1888 et 1889 cette
chapelle fait l'objet de travaux pour rénover ce qui pouvait l'être
et donner un aspect plus présentable à l'édifice qui commençait à
tomber en ruine. On peut encore trouver actuellement dans cette
chapelle d'anciens vestiges muraux qui datent des xive et xve siècles
et qui ont été rénovés en 1992. Autour de cette chapelle se trouve
en ancien cimetière où reposent les curés de l'ancienne église
Sainte-Madeleine dont notamment le curé Cornette.
L'industrialisation de la vallée
Indépendamment de l'exploitation minière, Sainte-Marie-aux-Mines
possédait plusieurs autres industries qui étaient alors en pleine
prospérité. Parmi ces nombre ont relevait surtout celle des tanneurs
et des drapiers; la coutellerie y était aussi très florissante. C'est
aussi l'époque où un célèbre personnage, François Thomas qui
était né à Sainte-Marie-aux-Mines le 14 mai 1670 s'attaqua à la
découverte des sources, dont il présentait la proximité grâce à
son flair. En effet, il se basait pour découvrir les sources grâce à
la verdure de certaines herbes qui poussaient à la surface du sol. Il
fit preuve de ses connaissance lors du siège de Lérida dont le
commandant était le duc d'Orléans.Il fit creuser dans la montagne et
trouva de l'eau en abondance. Léopold, duc de Lorraine, le nomme dans
un titre du 27 janvier 1714, son "sujet naturel, ingénieur et
machiniste en chef natif de Sainte-Marie-aux-Mines". Le duc le
présenta à Pierre le Grand lorsqu'à son retour de Paris, il passa
par Nancy pour retourner en Russie. Le Tsar qui désirait s'entourer de
savants et ingénieurs lui proposa de le suivre dans son pays et lui
fit des propositions fort allégeantes que Thomas refusa préférant
rester dans sa patrie.
Sainte-Marie-aux-Mines fut aussi la la patrie des deux frères Sauer,
célèbres minéralogistes: Jean Daniel né en 1716 et Jean Jacques né
en 1721. Le premier mourut à Sainte-Marie-aux-Mines, le second allait
finir ses jours en Espagne. L'un et l'autre firent des recherches
assez avancées pour l'époque dans la minéralogie et l'histoire
naturelle.
L'industrie textile
C'est en 1755 que la filature de coton à la main fut introduite dans
cette ville et dans les vallées environnantes par un industriel, Jean-
Georges Reber, qui y joignit bientôt après une fabrique de siamoise.
En 1865, il existait à Sainte-Marie, trois établissements industriels
plus ou moins florissantes: on y trouvait notamment des manufactures
de pignas, madras, cravates, toiles de Saxe, reps, damas, brocatelles
et en général, des tissus connus sous le nom d'articles de Roubaix,
des filatures de coton, douze teintureries pour coton, laine et soie,
deux blanchisseries de toiles, quatre imprimeries typographiques,
quatre lithographie, cinq brasseries, cinq moulins à blé, cinq
scieries mécaniques, quatre fabriques de chandelles, quatre huileries,
deux tuileries, cinq apprêteurs de tissus, treize commissionnaires de
tissus, etc.29. Les fabriques de tissus en laine, soie et coton
emploient alors tant à Sainte-Marie-aux-Mines que dans toute la
vallée, y compris jusqu'à 80 kilomètres à la ronde, plus de 25 000
personnes ouvriers tisserands30.
La fabrication de tissus comme le guingan a fait la renommée de Sainte-
Marie-aux-Mines. L'introduction en 1840 par Jacques Blech de la
fabrication de tissus mélangés en soie, coton et laine a revêtu une
importance primordiale. Le principe même de la fabrication qui
consiste dans le tissage de filés préalablement teints sont utilisés
dès la mode des siamoises, donc après 1755, reste le même pour toute
la période concernée et depuis le développement de l'industrie du
guingan qui ne sont fabriqués qu'à partir de 1825. Dans les années
1870, la production locale a toutefois changé de cap. Elle s'oriente
plus décisivement que jamais vers la production d'étoffes pour
habillement féminin. Les tissus sont en laine, ou laine mélangée.
Les anciens imprimeurs
Sainte-Marie-aux-Mines, à l'instar des autres villes comme Strasbourg,
Colmar, Sélestat, Mulhouse ou Molsheim, eut de bonne heure des
établissements typographiques. Parmi les plus anciens imprimeurs il y
avait celui de Jean Martin Heller qui en 1722 publia un livre de
cantiques et de prières en allemand à l'usage des mineurs. Jean
Martin Heller était l'imprimeur du prince palatin de Birckenfeld. Il
était interdit à tous les imprimeurs de la province d'imprimer des
ouvrages protestants en langue française. Jean Martin Heller imprima
aussi les titres des actions de la Compagnie des mines de Sainte-Marie-
aux-Mines Alsace. Selon Daniel Risler31, l'imprimerie de M. Heller
était assez importante si l'on en juge par le volume du livre de
cantiques qui contient pas moins de 420 pages et pour l'impression
duquel il a été employé au moins une trentaine de caractères
différents. On ne connaît pas d'autres ouvrages sorti des presses de
cette imprimerie, mais à voir la quantité de caractères d'impression
qu'il a fallu utiliser pour imprimer ce seul livre de cantiques, il
est fort probable que d'autres livres sont sortis de ses presses.
Jean Martin Heller, continua d'imprimer de l'autre côté des Vosges,
à Etival à partir de 1725 où il n'imprima que des ouvrages à
caractère liturgique ou historique. Il imprima notamment un ouvrage
historique fort intéressant : "Sacrae antiquitatis monumenta
historica" écrit par l'abbé C.L. Hugo et dont le premier tome a été
imprimé à Etival en 1725. Un deuxième tome plus tard remanié et
enrichi de cet abbé d'Etival est sorti en 1731 à Saint-Dié32.
Plus tard, c'est François, le fils cadet de Jean-Georges Reber,
fondateur de l'industrie cotonnière de la vallée de Lièpvre qui va
se lancer dans l'imprimerie. Au début, François Reber n'imprimait que
pour son plaisir et imprima plusieurs publications qu'il mettait en
vente. En 1806, il acheta une imprimerie et envoya à Paris un ouvrier
nommé Bontemps pour se former dans le métier de typographe. À son
retour, et après avoir été formé, François Reber mit sous presse
les ouvrages suivants:
Histoire de la vallée de Lièvre. Extrait de la IIIe livraison des
Vues pittoresque de l'Alsace - 1re Édition, 1807
Deux nuits d'Young, traduite en vers par Colladeau, 1807
Vérités salutaires ou Les enfants de ma plume, 1807
Die Grösse Gottes in den Wundern der Natur, 1807
Sammlung von Aufsäzen vermischtent Inhalls, 1807
Geschichte des Leberthal, 1808 (2e tirage en 1809)
Histoire de la vallée de Lièvre, 2e édition, 1810
Sammlung von Prosaïschen Aufsäzen und Gedichte, 1810
Monsieur Reber imprima également de 1807 à 1814, un journal en vers
contenant des chansons, des charades, des logogriphes en français et
en allemand. Plus tard, il en réunit un certain nombre de numéros,
qu'il fit paraître sous ce titre: "Lieder zum Geselligen Vergnügen" .
Il imprima sans doute également "Munster dans la vallée de Saint
Grégoire" en septembre 1808.
Un autre imprimeur va faire son apparition à Sainte-Marie-aux-Mines,
Armand Jardel, né à Luvigny dans les Vosges, arguant du fait qu'aucun
imprimeur ne réside dans cette ville. En 1836 Armand Jardel dépose
une demande d'autorisation pour établir à Sainte-Marie-aux-Mines une
imprimerie-Lithographie. Le ministère de l'intérieur lui délivre la
même année un brevet lui permettant d'ouvrir une imprimerie dans sa
ville. Il embauche deux ouvriers. En 1844 il imprima une feuille
hebdomadaire d'annonces et d'avis divers de Sainte-Marie-aux-Mines et
en 1848 il commence à imprimer le "Journal de Sainte-Marie-aux-Mines"
qui est vendu dans la vallée. Il est installé place de la Fleur au no
13, puis déménage son atelier dans la rue de la Vieille Poste au no
18. Il est le rédacteur de la presse locale du journal de Sainte-Marie-
aux-Mines du 3 mars 1848 au 2 janvier 1875. L'imprimerie Jardel est
l'auteur d'un nombre d'ouvrages concernant les travaux miniers dont
les dessins sont extraits de la "Cosmographie de Sébastien Munster" de
1545. Il était aussi spécialisé dans la confection de cartouches
d'étiquettes (1854) ainsi que des menus illustrés (1867).
Plus tard, le 2 janvier 1875, l'imprimerie de Armand Jardel de la rue
de la Vieille Poste est reprise par David Cellarus qui a suivi une
formation de plusieurs années à Paris. C'est sous son impulsion qu'il
reprend le journal de Sainte-Marie-aux-Mines qui devint bilingue sous
le nom "Der Vogesenbote". En 1903 il imprime une édition bi-mensuelle
du "Messager des Vosges Illustré" dont la parution cesse en décembre
1904 faute d'avoir trouvé un nombre de lecteurs suffisants. Le premier
avril 1909, David cède son imprimerie-lithographie à ses deux fils
Ernest et Robert. En 1910 l'imprimerie occupe neuf ouvriers, une
ouvrière et trois apprentis.
Le 7 janvier 1927 Le "Messager des Vosges" tire à 1560 exemplaires.
Connu comme rédacteur du journal, David Cellarus est également
l'auteur du Grand Almanach alsacien-lorrain édité en 1886.
Le 25 juin 1883 Edouard Czeizorzinski reprend la librairie-papeterie
d'Eugène Jung. En 1890, il crée "Grand'Rue", une imprimerie-
cartonnerie employant 10 ouvriers de cartonnerie, 3 ouvriers relieurs
et 3 apprentis. Le 1er novembre 1903 il informe sa clientèle qu'il
vient de joindre à son atelier de reliure une Imprimerie
lithographique et de typographie. Le 16 novembre il travaille avec un
effectif de 19 ouvriers. Trois semaines plus tard, il rachète la
scierie Karl Pracher à la Petite Lièpvre pour y installer une
cartonnerie employant 15 hommes et 9 femmes. Enfin le 12 juillet 1912
Edouard Czeizorzinski rachète les Établissements Charles Woerner, rue
Saint Louis où il installe son entreprise. En 1914 l'entreprise de la
Petite Lièpvre emploie 19 personnes et 65 à Sainte-Marie-aux-Mines.
L'affaire tourne jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale avec une
quinzaine de collaborateurs jusqu'en 1953.
Aloyse Freppel qui est le lithographe de l'imprimerie Czeizorzinski
s'installe à son compte en embauchant trois ouvriers dans l'ancien
commissariat de police, face à la mairie. En 1952, il passe les rênes
à Albert Banzet dessinateur-lithographe, pour se consacrer
entièrement à la gestion de son entreprise. Un an plus tard il
emploie une dizaine de personnes. En 1969, Armand Freppel cède son
activité à Roméo Maciuk qui quitte la vallée dix ans plus tard pour
Colmar.
Les périodes de guerre
La période allemande (1870-1918)
La guerre franco-prussienne de 1870-1871 et la défaite de la France
allait de nouveau apporter des bouleversements juridiques pour la
vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. Le traité de Francfort (18 mai
1871) enlevait à la France la province de l'Alsace et une partie de la
Lorraine (département de la Moselle, ce qui constituait ni plus ni
moins une annexion de ces territoires à l'Allemagne. Une loi votée à
Berlin le 23 avril 1871 incorporait l'Alsace et une partie de la
Lorraine à l'Allemagne qui devint "Terre d'empire" (Reichsland).
Sainte-Marie-aux-Mines était incorporée à la Haute Alsace34, devenue
Markirch faisant partie du cercle de Ribeauvillé. Dès 1871 des
décrets ordonnèrent le renouvellement des conseils municipaux,
l'enseignement primaire et le service militaire fut rendu obligatoire.
Les alsaciens-lorrains pouvaient toutefois conserver la nationalité
française, mais à condition de quitter le sol national. On estime
ainsi que plus de 400 000 personnes quittèrent le pays. À partir de
1872, 25600 jeunes gens quittèrent le pays pour ne pas servir dans
l'armée allemande. Presque tous, se sont engagés dans la Légion
étrangère. Entre 1888 et 1902, le régime des passeports mit une
barrière infranchissable entre la France et les provinces annexées.
En 1874 l'Alsace eut à envoyer pour la première fois des
représentants au parlement de Berlin. Tous les candidats alsaciens
protestataires furent élus. Une nouvelle constitution pour les
provinces annexées fut votée en 1910. Selon la nouvelle constitution,
l'empereur d'Allemagne, Guillaume II est nommé souverain direct du
"Reichsland" représenté par un "Statthalter" (gouverneur), lequel est
assisté d'un président supérieur. Le pouvoir législatif est exercé
par deux chambres. La chambre basse est composée de 60 membres élus
au suffrage universel. La chambre haute où siégeaient les
représentants du clergé et des hauts fonctionnaires, désignés par
l'empereur pouvait annuler les décisions de la première chambre. De
nombreux incidents ont émaillé, faisant connaitre l'esprit frondeur
des alsaciens-lorrains. Les rapports très difficiles entre les
autorités administratives allemandes et la population ne devaient
prendre fin que le 11 novembre 1918 jour de la signature de
l'armistice. Entre 1870 et 1914 d'importants travaux de construction
furent entrepris par les allemands à Sainte-Marie-aux-Mines.
La Première Guerre mondiale
Le Violu: théâtre de violents combats entre 1914-1918
En 1914 après de dures batailles qui sont sanglantes et meurtrières,
l'ancienne frontière franco-allemande se fige. Les Allemands
comprenant l'importance de ce verrou stratégique vont
considérablement renforcer leur ligne en établissant un système de
défense très dense et pratiquement imprenable. Sur plus de sept
kilomètres, ils vont creuser des galeries et des abris et poser des
barbelés. Pour acheminer au plus près du front les munitions et le
matériel nécessaires ils vont entreprendre une ligne de chemin de fer
passant vers le val de Villé jusqu'au début de la crête vosgienne.
De nombreux abris sont construits destinés à héberger quelque 15 000
hommes. Il existe encore de nos jours, au-dessus de la ville de Sainte-
Marie-aux-Mines de nombreux abris militaires allemands de la Première
Guerre mondiale. Ils sont souvent méconnus à la fois par les
randonneurs extérieurs à la vallée et par les amateurs d'histoire.
Ces constructions ont toutes été réalisées par l'armée allemande
qui n'a pas lésiné sur le coût et la qualité des matériaux. Ainsi
pour les allemands la guerre 1914-1918 se caractérise aussi par
l'édification de tranchées sécurisées et par des abris fortifiés
pour suivre l'avancée des troupes françaises. À cette époque des
voies de communications (remonte pentes, funiculaires, etc..) dont les
traces sont encore visibles sont construits sur les hauteurs de Sainte-
Marie-aux-Mines pour permettre de ravitailler en munitions et en
nourriture les troupes allemandes. Plusieurs de ces abris sont
essentiellement concentrés au sommet du Violu ou vers le haut de la
côte d'Echéry. Le sommet du Violu ou tête du Violu était plus connu
avant la guerre sous le nom de tête du Chipian. Il culmine à 994
mètres et l'ancienne frontière franco-allemande passait par cette
hauteur. Conquis par les français en 1914, il est aménagé en
véritable forteresse. Les positions allemandes étaient situées pas
très loin des tranchées françaises. Plusieurs abris fortifiés
construit au centre du Violu portent des noms rappelant l'Allemagne de
l'époque: "Preussen", "Hessen", "Baden", "Hamburg". D'autres abris
portent des noms d'animaux: "Dachsgraben" (tranchée du blaireau),
"Fuchsloch" (trou du renard), "Maulwurf" (abri de la taupe),
"Wolfsgrube" (fosse du loup), "Hamsterbau" (terrier du hamster). Les
sommets du violu et du Bernhardstein sont aujourd'hui couverts
d'arbres calcinés et de terres labourées par des trous d'obus
énormes et des tranchées, vestiges de la Première Guerre mondiale.
C'était un endroit où se trouvaient les positions françaises et
allemandes qui se pilonnaient mutuellement. On y trouve encore de
nombreux abris fortifiés en parfait état, notamment au Violu et vers
le haut de la côte d'Echery au lieu-dit du Pain de Sucre près de
l'ancien tracé du Benzolbahn. On y trouve encore de nombreux édifices
fortifiés avec plusieurs galeries et des bunkers enterrés style "trou
de renard" ou encore des rampes de tir. On peut également apercevoir
d'autres abris militaires sur les pentes de la Haute Broque de la côte
d'Echéry et du Berhardstein.
La période française 1918-1940
Dès le retour de l'Alsace à la France le 11 novembre 1918, elle fut
administrée pendant plusieurs années par des Commissaires de la
République, dont M. Maringer, Alexandre Millerand et Gabriel
Alapetite. Tous les services administratifs des départements,
arrondissements, cantons et communes, ont à nouveau fonctionné selon
la législation française. À Sainte-Marie-aux-Mines la population
était très francophile et avait beaucoup souffert du régime de
tyrannie germanique pendant 48 ans de domination allemande. Dès les
premières élections, après le retour de l'Alsace à la France, les
habitants de Sainte-Marie-aux-Mines ont élu, le général Bourgeois
Robert, né le 22 août 1858 à Sainte-Marie-aux-Mines, décédé le 10
novembre 1945 à Paris, aux titres de maire de la ville et de sénateur
du Haut-Rhin.
La Deuxième Guerre mondiale
Le 22 juin 1940, au moment de la signature à Rethondes (Oise) de la
Convention d'armistice franco-allemande, l'Alsace était déjà
pratiquement occupée par la 7e armée allemande. Celle-ci après avoir
franchi le Rhin le 15 juin 1940, était entrée à Colmar le 17 juin et
à Strasbourg le 19 juin. Bien que la convention d'armistice ne
comportait aucune clause territoriale relative à l'Alsace-Lorraine,
Hitler dès le 26 juin 1940 avait nommé le gauleiter de Bade, Robert
Wagner, chef de l'administration civile en Alsace auprès de la 7e
armée allemande. Par un nouveau décret du 2 août 1940 l'ensemble de
l'administration civile en Alsace était définitivement écartée et
confiée au gauleiter Wagner, la Wehrmacht n'exerçant plus que
l'autorité militaire. Les Allemands font leur entrée à Sainte-Marie-
aux-Mines le 19 juin 1940 devant des habitants médusés et résignés
qui adoptent un comportement très réservé. La première mesure prise
par les nouvelles autorités concerne la destitution de ses fonctions
de maire, M. Louis Kaps, qui est remplacé par un
"stadtkommissar" (administration), M. Prestel, exerçant tous les
pouvoirs administratifs de la commune. Dès le 13 juillet 1940, les
autorités expulsent 53 personnes de confession israélite. Le 30
juillet c'est au tour d'une dizaine d'handicapés moteurs et débiles
mentaux d'être déportés en Allemagne. On n'aura plus aucune nouvelle
sur leur sort. Le 12 août 1940 une centaine de personnes sont à leur
tour expulsées de Sainte-Marie-aux-Mines, toutes immigrées depuis
1918. Il s'agissait en l'espèce d'une mesure de représailles, par
rapport aux expulsions des Allemands en 1918. Le 16 décembre 1940,
plus de 400 personnes, dont le maire Louis Kaps, résidant à Sainte-
Marie-aux-Mines sont expulsées vers le département de la Dordogne et
les départements limitrophes. Ils sont suspectés d'être
francophiles. On trouve parmi les expulsés d'anciens engagés
volontaires dans l'armée française pendant la guerre 1914-1918, ainsi
que certains fonctionnaires, industriels ou commerçants. Les personnes
expulsées n'ont qu'une heure pour préparer les 30 kilos de bagages
autorisés ainsi qu'une somme de 5 000 francs de l'époque. Le 8 mai
1941 c'est un autre coup dur qui atteint la population. Tous les
jeunes jeunes gens de 17 à 25 ans sont appelés à effectuer le
service du travail obligatoire (Reichsarbeitsdienst) à caractère
paramilitaire. Ils seront affiliés in extrémis dans la Wehrmacht. Les
jeunes filles sont d'abord mises à la disposition des familles pour
des tâches ménagères et à partir de 1942, employées dans les
services auxiliaires de guerre ou dans les usines d'armement. Le 25
août 1942 est introduit en Alsace, le service militaire obligatoire
pour les habitants âgés entre 17 et 38 ans précédée de
l'ordonnance du 23 août 1942 imposant la nationalité allemande aux
futurs conscrits. Par ordonnance du 21 septembre 1942 les autorités
allemandes mettent en place une zone d'interdiction de 3 km de long
entre les Vosges et la frontière. Selon la loi, tout déserteur de
l'armée allemande passant cette frontière était considéré comme un
ennemi de l'Allemagne et pouvait risquer la peine de mort et à coup
sûr la déportation. Les plus jeunes des incorporés de force, n'ont
généralement pas plus de 16 ans et se retrouvent souvent dans des
unités de la Waffen SS (groupe d'élite) pour aller se battre en
Russie. Après la cessation des hostilités le 8 mai 1945 les enrôlés
de force dans l'armée allemande ont pu regagner leur domicile. La
commune de Sainte-Marie-aux-Mines a eu à déplorer la disparition de
103 jeunes gens incorporés sous l'uniforme allemande morts au combat.
Le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines en 1940
En juin 1940 l'entrée du tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines sera
dynamitée par le génie français. Avec l'arrivée des Allemands à
Sainte-Marie-aux-Mines le tunnel sera déblayé puis transformé par
les nazis en annexe du camp de concentration de Dachau. Des déportés,
en grande partie des Yougoslaves provenant de ce camp et de celui du
Struthof (Bas-Rhin) seront contraints de participer à la construction
d'une usine de fabrication de pièces pour engins de guerre (V1-V2).
Cette annexe est une filiale de la Bayerische Motoren Werke(BMW.)où
travaillent 800 déportés de guerre qui étaient logés dans l'usine
Diehl et Cie, située à la sortie nord de Sainte-Marie-aux-Mines sur
la route d'Echéry. Ces déportés travaillant en deux équipes de 12
heures chacune (6h à 18 h et 18h à 6h) au plus profond de ce tunnel
dans des conditions particulièrement éprouvantes ne recevaient pour
toute subsistance qu'un léger plat par jour, dont le contenu ne
consistait qu'en une soupe avec quelques pommes de terre au fond. Pour
marquer cet évènement tragique de la guerre, les municipalités de
Tržič (Slovénie) et Sainte-Marie-aux-Mines sont unies par les liens
de jumelage. Les cérémonies officielles ont eu lieu l8 mai 1966 et à
Tržič le 29 mai de la même année.
La résistance
Avec l'entrée du service militaire obligatoire sous l'uniforme
allemand, de nombreux jeunes vont se cacher et déserter. Pour contrer
ces désertions, les autorités allemandes vont prendre des sanctions
très sévères contre les parents des déserteurs en signe de
représailles pour contrer toute velléité de résistance. Souvent les
parents seront expulsés de leur village d'origine et transplantés en
Allemagne dans des camps spéciaux ou en Haute Silésie. D'autres
personnes de la vallée vont être emprisonnées dans la maison
centrale d'Ensisheim ou déportées dans des camps de travail comme à
Schirmeck. Beaucoup ne reviendront jamais de ces dures épreuves.
D'autres, comme les passeurs qui organisaient des filières d'évasion
le long de la frontière franco-allemande, étaient passibles de la
peine de mort ou du camp de concentration. D'autres organisaient
encore des réseaux de résistance où l'on trouvait souvent des
familles entières. On y relève, par exemple pour le Val d'Argent les
patronymes suivants : Balland, Schmitt, Wagner, Didierjean (deux
ecclésiastiques), Baradel, Receveur, Hinsinger, Payer, Chaetzel,
Maurer, Rohfritsch, Preiss, Meyer, Ringue, Leromain, Langlaude,
Verdun, Munier, Marchal, Hotz, Diebold, Garisco, Bernard et bien
d'autres encore qui sont restés dans l'ombre par modestie. Le travail
de passeurs a sans doute été facilité par la configuration du
terrain qui était propice à de nombreux camouflages. Dans le Val
d'Argent, les itinéraires empruntés le plus souvent par les passeurs
se situaient à Échéry, le Rauenthal, le chêne de la liberté, le
Robinot, la Chaume de Lusse, le Hury, la Hingrie, le Petit Rombach, le
Grand Rombach, Rombach-le-Franc, le Col de Fouchy, la Croix Surmely,
etc.. C'est à partir du 2e trimestre 1940 et début 1941 que des
réseaux de résistance très actifs vont se constituer dans les trois
départements annexés (Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle). Le 8 mai 1941
à Strasbourg un groupe de résistants nommé "la main noire de Marcel
Weinum, se livre à une tentative d'attentat contre le gauleiter Robert
Wagner par le jet de deux grenades sur la voiture où il était censé
se trouver. Mais il n'y s'y trouvait pas. À la suite de cet attentat,
des mesures très draconiennes sont prises dont les effets sur la
résistance vont très vite se faire sentir. Au cours de la période du
26 juin 1940 au 15 novembre 1941, 2 978 alsaciens sont arrêtés dont
399 pour propagande anti-allemande, 47 pour espionnage et 40 pour pour
avoir participé à l'évasion de prisonniers. L'année 1942 a été
l'année noire de la résistance, la plupart des réseaux ayant été
démantelés. Pour la seule année 1943 les tribunaux d'exception
(Volksgerichshof) vont prononcer en Alsace 72 condamnations à mort
dont 37 ont été exécutées. Il faut rajouter aussi ceux qui ont
été condamnés à des peines de prison, déportés ou internés au
camp de Schirmeck.
Dans ce chef-lieu de canton, malgré un certain cloisonnement dû au
fait que la population y était moins autochtone que les villages
voisins, les prisonniers trouvaient néanmoins toujours un endroit sûr
où ils pouvaient se cacher, de même qu'un passeur pouvant les amener
de l'autre côté de la frontière. Le clergé local joua un rôle de
premier plan. Le curé Henna de la paroisse de Sainte-Madeleine en
liaison avec l'abbé Didierjean de Sainte-Marie-aux-Mines cachait le
plus souvent les évadés et prisonnier sous le clocher de son église.
Certains prisonniers étaient envoyés par Mme Grossetti, une libraire
qui tenait un magasin dans la Grand'Rue. Le pasteur Wagner du temple
(situé rue du Temple) en hébergea également un nombre considérable.
L'une des plus importantes filières était organisée par Joseph
Rohfritsch et sa femme Marie. Le 13 octobre 1941 deux prisonniers
rencontrés à Benfeld, envoyés par un ami vinrent frapper à leur
porte. C'est sur la recommandation d'un ami rencontré près de Benfeld
qu'ils se dirigèrent vers Sainte-Marie-aux-Mines. Ils furent
présentés à Suzanne, fille du restaurateur Adolphe Preiss qui les
emmenèrent au nord de la ville sur les hauteurs de la montagne. Pour
ne pas éveiller les soupçons des gardes allemands, ils portaient à
la main des petits seaux pour faire croire qu'ils allaient à la
cueillettes des framboises et des mûres. Ils marchèrent pendant des
heures et atterrirent à la Chaume de Lusse, dont la hauteur culmine à
975 mètres. Les deux guides qui les accompagnaient leur firent
traverser la frontière.
La libération de Sainte-Marie-aux-Mines
Le monument aux morts
C'est finalement le 25 novembre 1944 que la ville de Sainte-Marie-aux-
Mines sera libérée par l'armée américaine (le 142nd régiment de la
36th Division D'infanterie - 7e armée U.S du général George Patton)
suivie deux jours après par les troupes françaises sous le
commandement du général Joseph de Goislard de Monsabert36.Le 25
décembre 1944, alors que le territoire alsacien n'était pas encore
complètement libre, le général de Gaulle viendra saluer les
habitants de Sainte-Marie-aux-Mines et de la vallée. Des combats
acharnés se déroulaient encore dans la poche de Colmar tenue par la
XIXe armée allemande, dont la libération n'interviendra finalement
que le 2 février 1945 par la 1ère Armée française du général de
Lattre de Tassigny. Une partie des 1200 alsaciens-lorrains internés
dans des camps en Suisse ont pris part dès le 15 août 1944 au
débarquement de la 1re armée française sur les Côtes de Provence
pour constituer deux bataillons, le Groupe Mobile d'Alsace (G.M.A)
sous les ordres du chef de bataillon Ernest Georges né le 1er août
1904 à Colmar et dont les parents étaient originaires de Sainte-Marie-
aux-Mines. Le commandant d'aviation, Jean Wetzel, né le 20 septembre
1904 à Sainte-Marie-aux-Mines a été l'un des premiers soldat
français à pénétrer dans sa ville natale après la libération.
L'armistice du 8 mai 1945 et l'arrêt des hostilités a mis fin à la
Deuxième Guerre mondiale. Les communes de la vallée se sont
mobilisés pour panser les plaies et les blessures morales et physiques
et réparer les destructions. Les collaborateurs de l'Allemagne nazie,
une centaine dans la vallée, furent arrêtés et conduit dans les
dépendances de l'usine Haffner en attendant d'être jugés. Dès le
retour de la paix, les expulsés, les prisonniers et les combattants
survivants ont pu regagner la ville de Sainte-Marie-aux-Mines. Début
mars 1945, avec le retour de M. Louis Kaps (expulsé par les Allemands
en 1940) les rouages de l'administration et l'activité économique
sont repartis. Sainte-Marie-aux-Mines a cependant payé un lourd au
cours de cette guerre: 12 soldats portant l'uniforme allemand sont
morts au front, 27 ont disparu, 6 personnes sont mortes dans les
maquis et dans la résistance, dont entre autres André Aalberg, André
Horb, Maurice Malaisé, Pierre Schmidt, Stahl René. Treize personnes
civiles ont également trouvé la mort entre 1941 et 1945.
Attribution de la croix de guerre
En novembre 1948 la ville de Sainte-Marie-aux-Mines s'est vue
attribuer la croix de guerre 1939-1945 avec Étoile de Vermeil en
raison de la résistance des habitants au nazisme. La ville de Sainte-
Marie-aux-Mines compta 12 tués, 20 blessés, 88 déportés, 417
expulsés et 6 fusillés. Environ 600 prisonniers de guerre français,
50 patriotes et 150 réfractaires au S.T.O et à la Wehrmacht ont pu
gagner les Vosges grâce à l'aide de la population. Sainte-Marie-aux-
Mines avait déjà obtenu la croix de guerre 1914-1918 avec palme.
Le retour de Sainte-Marie à la France en 1945
L'armistice du 8 mai 1945 a mis fin à la seconde Guerre mondiale.
L'Alsace fut totalement libérée par la 1re armée française et les
armées alliées et redevint une province française. Sainte-Marie-aux-
Mines libérée le 25 novembre 1944 par la 1re armée américaine du
général Patton, la légalité républicaine sera rétablie dès le 27
novembre 1944. Le commandant Lantz, chef de liaison auprès du 6e corps
américain, avait convoqué tous les anciens membres du conseil
municipal et présidé la séance. Au cours de cette réunion,
plusieurs nominations ont été prononcées, dont celle de M. Eugène
Cunrath en qualité d'administrateur provisoire, Louis Zapfel
commissaire de police, Jean Jacques Lacour 2e adjoint, Eugène Eschbach
maintenu dans sa fonction d'adjoint qu'il exerçait avant le 21 juin
1940. L'ancien maire, M. Louis Kaps qui avait été contraint d'exercer
ses fonctions lors de l'entrée des Allemands dans la ville est remis
en selle. Il reçoit les pouvoirs de l'administrateur provisoire,
Eugène Cunrath au cours du conseil municipal du 8 mars 1945.
L'hôtel de ville
L'hôtel de ville a été édifié d'abord en 1833 sur l'emplacement
d'un bâtiment qui fut appelé "le Châtelet" occupé par les
représentants du duc de Lorraine. Cet immeuble devenu vacant tombait
en ruine et fut démoli en 1880. On a toutefois conservé une tourelle
qui aurait servi de cage d'escalier à Madame de Ribeaupierre, ancienne
propriétaire.On a fixé sur cette tourelle un bloc de galène (sulfure
naturel de plomb) sculpté en écusson, armes parlantes de la ville,
témoignage de son ancienne richesse, c'est-à-dire, les mines. En 1957
l'édifice fut entièrement rénové auquel il a été rajouté un
bâtiment abritant le Syndicat d'initiative pour devenir ensuite la
gare routière de la SNCF. Les premières élections au suffrage
universel du 26 février 1790 ont porté à la mairie Nicolas François
Lamouche, avocat devenu le premier maire de la ville réunifiée.
Jumelages
Tržič (Slovénie) depuis 1966
Bruchsal-Untergrombach (Allemagne) depuis 1989